Discours des élèves de Rhéto, promotion 2018
Tout a commencé le lundi 3 septembre 2012, je n’étais alors âgée que de 12 ans. Je me rappelle encore de mes premiers pas dans la « cours des grands ». Je me rappelle de cette petite fille qui, à chaque fois qu’elle rencontrait des rhétos dans les couloirs en était presque intimidée. J’ai su m’intégrer, me faire des amis et m’habituer à ce grand changement.
Aujourd’hui, nous sommes le mardi 26 juin 2018. 6 longues années ont passé depuis mon premier jour ici, à l’Institut de la Providence de Wavre. Je suis maintenant âgée de 18 ans.
Sommes-nous toujours l’enfant crédule que nous étions quand nous avons entamé ce long parcours des humanités ? A quel point ce chemin nous a-t-il changé ? Sommes-nous devenus des hommes ou des femmes réfléchis et critiques ou des hommes et des femmes insensés et méfiants ? Parfois, la nuit, une crainte germe en moi : quel genre d’homme suis-je devenu ? Suis-je vraiment devenu un citoyen critique, responsable et ouvert d’esprit ?
Les livres d’histoire nous ont appris que la meilleure arme contre la barbarie est le savoir. La barbarie c’est perdre toutes les valeurs qui font de nous un homme. Aujourd’hui on voit que l’éducation prend de plus en plus d’importance et pourtant la barbarie existe toujours !
Ici, nous avons appris, découvert, réfléchi, et vécu ce que signifie être un citoyen responsable.
Un citoyen responsable est premièrement celui qui tend la main à son prochain, celui qui s’ouvre aux autres. Sur la terre, il n’y a pas un homme mais des hommes. Avec des cultures, des pensées différentes. En chaque homme se trouve une richesse. Plus vous vous ouvrirez aux hommes du monde plus vous serez riches. Nous sommes peut-être différents mais nous sommes tous égaux. Rappelez-vous qu’il n’y a qu’une seule terre et que c’est main dans la main que nous changerons les choses.
Deuxièmement, un Citoyen responsable est celui qui a un devoir de mémoire, c’est à dire, qu’il doit faire en sorte que des événements aussi tragiques soient-ils ne se reproduisent pas. Pour ce faire, ne songez plus au passé et à ce qu’on aurait peut-être pu faire.
Ne songez pas plus à l’avenir. Songez au présent. Soyez simplement conscient du miracle d’être en vie et d’être pleinement humain. Chaque jour où vous vous réveillez est un cadeau. Profitez de ce cadeau, qu’est le temps pour accomplir au quotidien de bonnes actions. Souriez, soyez tolérants, soyez généreux et envoyez de l’amour à ceux qui n’en n’ont pas. Enfin, lorsque vous êtes directement ou indirectement confrontés à une situation qui vous semble injuste, prenez position. Car comme disait Elie Wiesel « la neutralité aide l’oppresseur, jamais la victime. Le silence encourage le persécuteur, jamais le persécuté ».
Ainsi nous avons compris qu’il faut changer les structures : changer notre manière de concevoir la politique, changer notre système éducatif, changer notre système économique qui crée une majorité de pauvres et une minorité de riches. C’est à l’école que nous avons compris tout cela, Nous devons résister à une absorption dans un système malsain.
Nous devons nous rebeller, sortir dans les rues, manifester, montrer notre mécontentement. Moi demain, je m’engage, je ne reste pas sans rien faire. Je me bats, je m’organise, avec d’autres, pour faire advenir un monde meilleur. Car individuellement nous ne pouvons rien faire. Car individuellement nous ne ferons qu’accentuer le problème. Agissons ensemble et nous prendrons tous notre responsabilité de citoyen et si il faut se battre, nous nous battrons. S’il faut en parler, nous en parlerons ! S’il faut manifester, nous manifesterons. Et s’il faut baver, nous en baverons. Car nous disons non aux inégalités, à la xénophobie, au racisme, au sexisme. Nous disons non au péril écologique, à la pollution. Nous disons non à l’inaction, aux personnes qui attendent en pensant que ça ira mieux demain. Nous sommes prêts !
A la Providence nous avons aussi vécu ! Pas que réfléchi pour agir !
Nous avons vécu des expériences inoubliables. Récemment d’ailleurs, je me suis demandé ce qui m’a le plus marqué. Les rencontres, des rencontres incroyables. Les rencontres qui sont devenues des amitiés et puis les rencontres avec des professeurs et éducateurs qui ont su nous faire grandir et qui nous ont aidés à découvrir qui nous sommes et ce que nous attendons de la vie.
Quelques meilleurs souvenirs de nos humanités la retraite-voyage en Écosse, ou sur la route des migrants ou à Auschwitz. Des moments qui nous ont aidés à nous surpasser. Les 100 Jours rhéto où beaucoup de sourires se lisaient sur les visages. Pour certains, il y a eu le rhéto trophée, cette incroyable expérience où la solidarité et le fair-play ont rythmé la journée… et tant d’autres moments où nos cœurs ont battu à l’unisson et que nous garderons à jamais dans nos mémoires.
Parfois il y a eu des moments d’échec et ça n’a pas toujours été facile de dépasser ce sentiment d’échec. Mais c’est dans ces désillusions, ces ruptures que nous avons aussi appris à encaisser l’échec pour pouvoir mieux rebondir et ensuite pouvoir continuer à nous construire. L’amour de ceux qui nous ont encadré ici, à la Providence, nous a appris l’esprit de pionnier, c’est-à-dire : ne pas se laisser abattre par ce qui nous arrive mais se laisser contrôler en ne sachant pas ce qu’il va se passer. Et aujourd’hui, j’ai envie de vous partager cette phrase de Bertrand Piccard : « Soyons tous des pionniers de notre quotidien, de notre vie et de cette parcelle d’humanité que nous avons tous développer en nous ! »
Voilà, vous l’avez compris, nos humanités ont été, à la fois, une histoire collective et une histoire individuelle.
Tant de personnes ont contribué à notre épanouissement et en même temps, chacun de nous a traversé ces années personnellement et intimement, avec parfois de très lourds et douloureux moments où sans le collectif, ce collectif providence, nous n’aurions pas pu continuer à avancer.
C’est donc bien le moment de dire merci.
Merci à tous ceux qui ont mis une pièce au puzzle qui nous a construit. Nous souhaiterions dire merci, merci aux directions, merci au personnel d’entretien de veiller à garder notre environnement agréable, merci aux éducateurs, merci aux professeurs, merci à nos amis et merci à nos familles. Tous ensemble, mains dans la mains, vous nous avez permis d’être qui nous sommes là aujourd’hui, et cela n’a pas de prix.
Ce discours qui marque une fin est à sa fin.
C’est une drôle de sensation de se dire que tout est fini dans quelques minutes et que normalement nous n’aurons plus à revenir dans cet endroit, L’Institut de la Providence, un lieu qui nous a accueilli, qui nous a protégé, qui nous a parfois fait pleurer de rage et qui nous a tout simplement fait grandir pour arriver à être celui ou celle que nous sommes aujourd’hui.
Je pourrais moi aussi citer tout ce qui nous a été appris mais cela serait tout simplement interminable. Je tiens néanmoins à citer une notion essentielle et extrêmement importante qui nous a été transmise par la Providence et qui se démarque de toutes les autres. Cette notion est que nous devons veiller les uns aux autres, nous devons nous entraider et nous soutenir.
Voilà, c’est le moment, nous devons pousser cette porte que sont nos humanités, avancer, entrer dans le futur, et nous diriger vers cet inconnu qui nous fait peur… mais pour lequel nous sommes prêts !
– Alexandre, Alyzée, Anaïs, Julie, Katlyn, Simon, Vincent, élèves de 6G3